Les esclaves yoruba implantèrent à Cuba la religion des ORISHAS, les «maîtres de la tête». Ces derniers sont des dieux de la nature qui étaient en général attachés à une ville africaine :CHANGE, dieu de la foudre, est considéré comme le quatrième roi de l'ancienne ville d'Oyo ; OCHUN, déesse de l'eau douce, est liée à la ville d'Oshogbo, où un festival annuel se tient toujours en son honneur ; YEMAYA, devenue la déesse de l'eau salée à Cuba, alors qu'elle était une divinité fluviale en Afrique, est originaire de la ville d'Abeokuta. D'autres orishas sont plutôt associés à des activités humaines : OCHOSI est le dieu de la chasse, ORICHA OKO, celui de l'agriculture, tandis qu'Ogun est le dieu du fer et de la forge. A Cuba, les Orishas les plus populaires sont, outre Changé, Ochûn, Yemayâ et Ogun, ELEGUA, le dieu messager, maître des carrefours, OBATALA, le dieu qui façonna l'homme dans la glaise et qui régit toutes les têtes, et OYA, déesse de la tempête. Ces divinités entretiennent des relations mythologiques complexes. De nombreuses histoires relatent leurs conflits, leurs amours, leurs liens de parenté et leurs rapports avec OLOFI, le dieu suprême qui créa toute chose. L'appellation SANTERIA pour désigner la religion des Yoruba à Cuba dérive du phénomène déjà mentionné d'association des entités catholiques secondaires avec les orishas. Le lien entre dieux et saints ou Vierges s'établit sur le principe de correspondances. Changé fut ainsi identifié à sainte Barbe (Santa Barbara), car celle-ci, patronne des artilleurs, protège de la foudre, bien qu'elle soit une femme et Changé un dieu viril. Yemayâ trouva une nouvelle apparence en la Vierge de Régla (Virgen de Régla), patronne des marins qui veille sur la baie de la capitale cubaine. Cette correspondance entre dieux africains et saints ou Vierges catholiques reste superficielle. La variabilité des représentations d'une même divinité n'affecte pas les croyances et les rites qui lui sont dédiés. Notons aussi que, parmi tous ces dieux, seul Eleguâ possède une représentation anthropomorphe hors de l'imagerie catholique. Son effigie consiste en une tête de ciment, habituellement d'une quinzaine de centimètres de hauteur, dont les yeux et la bouche sont figurés par des cauris.